François Hollande a décidé de faire de la jeunesse et de l’éducation sa première priorité. C’est courageux car c’est une politique d’investissement de long terme, dont on recueille rarement le bénéfice politique au cours du mandat. L’importance de l’éducation est centrale dans notre Société. En elle se situe la réponse à une triple crise :
– Crise sociale = le service public est le bien commun, le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. L’École en particulier représente un espoir fondamental pour ceux qui souffrent, notamment en termes d’ascension sociale.
– Crise économique = si notre pays n’investit plus dans l’innovation, la recherche, il ratera le coche de la compétitivité.
– Crise culturelle = l’intelligence, les savoirs, la lutte contre les obscurantismes sont la réponse à la crise d’identité qui frappe notre pays (cf. les propos de Guéant ou de Morano).
C’est un véritable choix de civilisation, qui repose sur le refus du tout marchand.
– État des lieux de l’école : La droite a enfoncé l’École dans la crise par sa politique de suppression massive de moyens. Ce sont d’abord les postes moins visibles qui ont été touchés : médecins et infirmières scolaires, RASED, CMPP… Puis, malgré la promesse de Nicolas Sarkozy en juin 2011, les fermetures de classes se poursuivent. La fin de la carte scolaire se traduit par davantage de ségrégation sociale et scolaire. La formation initiale des enseignants a été supprimée : casse que les enfants vont payer de longues années. La droite veut encore amplifier la crise structurelle que connaît l’École. Le projet du candidat sortant, c’est le moins-disant éducatif, autoritaire, concurrentiel, appauvri. Il a clairement la volonté d’un peuple moins éduqué, moins critique. Mais constat : la crise a des racines plus profondes
– Un projet de rupture : Face à cette situation, un simple retour en arrière sur les réformes de la droite ne suffira pas, l’augmentation des postes non plus. Il est nécessaire d’opérer une véritable rupture au regard des défauts structurels de l’Ecole telle qu’elle existe aujourd’hui : le tri social et scolaire qu’elle opère, l’orientation par l’échec, la sélection des élites, le stress généré (nos enfants sont les plus stressés de l’OCDE). On ne plus se contenter d’aménagements à la marge, il faut changer le cœur du système : ses missions et son organisation. François Hollande propose un nouveau Pacte éducatif, négocié et ambitieux, avec pour objectif: l’école de la réussite de tous et non de la sélection à tous les étages.
– Les principaux axes de ce projet : Priorité absolue au primaire : C’est là que beaucoup se joue et pourtant l’investissement de notre pays est inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE. A la fois priorité budgétaire : recréer des postes, des RASED, diminuer le nombre d’enfants par classe, favoriser l’accueil des deux ans (objectif 30 % de moins de trois ans à la maternelle soit trois fois plus qu’aujourd’hui). Et objectifs qualitatifs:- supprimer de la semaine de 4 jours, en remettant a priori cours le mercredi matin et en allongeant un peu l’année scolaire ;- permettre des mesures pédagogiques innovantes : là où il y en a besoin, il faudra mettre plus d’enseignants que de classe, afin de permettre le soutien aux jeunes enseignants, le décloisonnement, l’accompagnement individualisé…, et donner du pouvoir d’agir aux équipes éducatives.- renforcer la politique des cycles pour limiter drastiquement le redoublement. Education prioritaire (ZEP) Il faut donner vraiment plus à ceux qui ont besoin de plus. Il faudra aussi renforcer l’autonomie pédagogique des équipes pour une pédagogie plus individualisée. Il faut refaire de la mixité sociale : le déplacement de certains collèges de quartiers, en lien avec les Conseils généraux, sera nécessaire, afin de permettre des recrutements plus diversifiés socialement. L’école privée, à qui il est demandé fort peu de contreparties au financement public qu’elle reçoit, et qui est directement en concurrence avec le public, devra aussi y contribuer. Rétablissement de la formation des enseignants Non seulement la formation initiale : maintien du principe de la masterisation (reconnaissance niveau bac+5) mais en changeant le contenu. Mais aussi, la formation continue : obligatoire, qualité, mobilité. Aujourd’hui on déplore un gros retard sur les recherches pédagogiques, en Sciences de l’éducation dans notre pays. Il faudra y remédier. Métiers de l’Education Rien n’est possible sans la restauration de la confiance entre l’État et les enseignants. Nous ne réformerons pas l’École sans les enseignants et les professionnels de l’Éducation. Il faudra éviter les erreurs qu’a commises la gauche elle-même dans le passé (notamment le « mammouth », commis par Claude Allègre dont on se réjouit qu’il ait rallié Sarkozy). Il faut revaloriser ce métier qui a été trop dévalorisé. Aujourd’hui le nombre de candidats est insuffisant pour remplacer un départ sur deux à la retraite ! Il y aura dès l’été, une grande négociation pour une loi d’orientation autour notamment de :- une revalorisation salariale pour une amélioration sensible des revenus des enseignants,- une modernisation des missions.
– Un défi immense François Hollande en a conscience et veut être jugé en fin de quinquennat sur sa capacité à améliorer la situation de la jeunesse et notamment de l’Ecole. Il faudra redonner son vrai sens au mot « réforme », dont la droite a fait depuis un synonyme de régression. Aucune des réformes que mènera François Hollande dans l’Éducation n’aura pour objectif des économies budgétaires.