Le gâchis étant désormais avéré (comme nous étions nombreux à l’avoir craint dès le mois de novembre dernier), je prends quelques minutes pour écrire afin de faire part de ma colère et de ma profonde tristesse.
Il y a maintenant 10 longues années, jeune militant socialiste engagé auprès de Gaby Montcharmont, j’avais été confronté à une première désillusion avec la douloureuse défaite contre le sulfureux juge Fenech. A l’époque je n’avais pas admis qu’une personnalité aussi trouble puisse remporter une élection contre un homme au travail respecté et à la personnalité irréprochable. Je m’étais alors juré de tout faire pour rendre la 11ème circonscription à la Gauche.
Ce patient travail de reconquête avait commencé en 2004 avec les élections régionales. Animateur d’une des sensibilités de la famille socialiste, j’avais mis toute mon influence et fait voter tous mes camarades pour promouvoir deux socialistes de la 11ème circonscription en position éligible sur la liste de Jean-Jack Queyranne. Cette initiative, couronnée de succès grâce à l’intervention décisive de Gaby Montcharmont avait permis à Guy Palluy et Thérèse Corrompt d’être élus.  De même, quelques semaines plus tard, j’avais participé, en tant que responsable du MJS à l’organisation de la campagne de Michel Rocard aux Européennes en étant son délégué sur la 11ème circonscription. A l’automne 2004, j’avais à nouveau oeuvré pour faire entendre la voix de la 11ème circonscription en poussant la candidature de Gaby Montcharmont sur la liste des sénatoriales. Malgré la pertinence de cette proposition, tant du fait de son expérience de parlementaire et d’élu local que de son implantation complémentaire au Sud du département, nous n’étions pas parvenus à faire valoir notre analyse. En 2007, malgré le contexte national défavorable et malheureusement en vain, nous avions mis toute notre énergie militante dans la campagne présidentielle puis dans les législatives aux côtés de Jeff Gagneur. En 2008, c’étaient les municipales et les cantonales qui nous mobilisaient et qui permettaient notamment de préserver grâce à des campagnes dynamiques et mobilisatrices les bastions de Condrieu (ville et canton) et Mions pourtant loin d’être acquis. La même année, l’invalidation de Georges Fenech ayant provoqué la législative partielle, nous avions espéré l’emporter et conduit, une campagne digne et collective impliquant toutes les sections de la 11ème circonscription autour de Brigitte Regaldie, Pierre Buisson ou Abdelhak Fakir. En 2009, j’étais à nouveau délégué du tête-de-liste de la grande région Corse-Rhône-Alpes-PACA pour la 11ème circonscription à l’occasion des délicates élections Européennes. Loin de désespérer, nous étions repartis au combat en 2010 à l’occasion des régionales et en 2011 à l’occasion des cantonales.
Tous ces combats électoraux, nous les avions menés dans des contextes politiques variés mais en essayant toujours de porter les propositions du PS et en faisant jouer la complémentarité, la solidarité et la camaraderie entre les sections. Faire vivre le PS pendant ces campagnes comme le reste du temps est parfois usant, mais constitue le préalable indispensable aux victoires. Il ne saurait y avoir de conquêtes électorales sans s’appuyer sur l’entreprise collective qu’est le Parti Socialiste, avec ses règles, ses rythmes et parfois ses contraintes.
La séquence électorale qui aurait dû nous permettre de rendre la 11ème circonscription à la Gauche et qui s’est malheureusement terminée une semaine trop tôt hier a commencé avec les Primaires Citoyennes. Là encore, avec les autres Secrétaires des Sections, Gaby Montcharmont, Brigitte Jannot, Abdelhak Fakir, Zakia Khorsi-Méry, nous nous étions coordonnés et n’avions pas ménagé notre peine pour atteindre les objectifs ambitieux en terme de nombre de Bureau de Vote comme en terme de nombre de votants. La dynamique impulsée avait été déterminante dans la victoire de François Hollande et créait surtout les conditions de la victoire à la législative… Alors comment avons-nous réussi à perdre ??
En tant que responsable socialiste de la circonscription je veux bien prendre ma part… Peut-être aurions nous pu organiser un Bureau de Vote Primaire supplémentaire à Saint-Pierre-de-Chandieu ? Peut-être aurions-nous pu mobiliser davantage de sympathisants pour cet événement démocratique inédit ? Peut-être aurions-nous pu faire encore davantage campagne pour François Hollande ? Peut-être aurions-nous pu être encore plus actifs auprès de nos relais nationaux respectifs Benoît Hamon ou Bruno Leroux pour obtenir la restitution de l’emblème socialiste pour un candidat véritablement issu de nos rangs ? Peut-être même aurais-je dû maintenir ma candidature voulue par les militants socialistes de la circonscription ? Ainsi, j’essaye de revenir de façon objective sur les événements passés malgré la tristesse et la colère sourde qui ne tenaillent depuis dimanche soir. De même, les instances nationales et fédérales du PS ont sans doute une part de responsabilité dans le triste affrontement du 2nd tour entre la droite-extrême et l’extrême-droite. Pour autant, j’ai deux certitudes que je sais très largement partagées :
– on ne gagne pas une circonscription aussi vaste et contrastée que la notre sans le soutien du grand parti de transformation sociale qu’est le PS
– on ne construit pas sur la durée avec des aventures personnelles locales, en refusant les règles d’un engagement collectif et en se mettant en marge de la famille socialiste

Dimanche prochain, au second tour j’irai accomplir mon devoir civique la mort dans l’âme. Entre la droite-extrême et l’extrême-droite c’est le vivre-ensemble républicain qui est mis à mal.