Première signataire de la contribution « Réaliser le changement » avec Benoît Hamon, Henri Emmanuelli, et des milliers de militantes et de militants, je vous annonce, mais vous le savez déjà, qu’après discussions, réflexions, nous faisons le choix de déposer une motion commune avec ceux que l’on a l’habitude d’appeler « la majorité », mais si elle ne l’est pas encore, il faut faire attention et respecter le débat militant.
C’est une décision collective, à défaut d’être unanime, mais quand même approuvée par 27 parlementaires sur 30, tous les premiers fédéraux et des milliers de militantes et de militants.
Il est vrai qu’il est sain que le débat vive dans notre parti. Il y a des nuances entre nous, parfois des désaccords plus profonds qu’il est légitime d’exprimer, mais nous pensons qu’il n’est pas toujours indispensable de le faire dans le cadre d’une motion.
Si nous choisissons de ne pas déposer de motion alternative, c’est essentiellement pour une raison. Nous, la gauche, sommes isolés en Europe et François Hollande est le seul levier sur lequel des millions de personnes peuvent compter.
Après 4 mois seulement, des doutes sont émis sur sa capacité à porter le changement. Ces doutes sont légitimes et trouvent leur source dans cet isolement. Nous avons face à nous des Libéraux et des conservateurs qui sont aux commandes dans les autres pays. La finance a encore la main sur l’essentiel de l’économie.
Cette donnée est à mon sens la plus importante et nous permet d’évacuer les procès d’intention – ou en trahison – instruits à l’égard de FH, avant même l’heure des bilans. C’est pourquoi il nous parait primordial d’affirmer l’unité de la gauche française et que nous participions à son rassemblement.
Ensuite, les points sur lesquels nous pouvons avoir des divergences n’enlèvent rien aux objectifs que nous avons en commun. D’ailleurs sur nombre de ces sujets, les clivages traversent largement les courants tels que nous les connaissons aujourd’hui.
Nous voulons une Europe sociale, politique et fédérale. L’Europe est notre projet de civilisation face à la montée des nationalismes. Elle est aussi notre outil pour lutter contre la mondialisation libérale, mais nous ne sommes pas d’accord sur le TSCG. Nous voulons tous une politique d’immigration juste qui reconnait la richesse et la dignité des étrangers, mais nous ne sommes pas d’accord sur les Roms. Nous sommes tous d’accord sur la nécessité d’un nouveau modèle de développement, mais pas tous d’accord sur la place de l’énergie nucléaire. Nous sommes tous pour le partage du pouvoir, tous pour mettre en œuvre le non cumul des mandats, mais certains sont favorables à ce que cela soit immédiat, d’autres plus tard, et d’autre beaucoup plus tard.
Nous sommes enfin tous d’accord sur la parité. Je cite à cet égard Harlem « Il nous faut construire un parti à l’image de la France : des hommes et aussi des femmes »… C’est là encore une belle illustration de cet objectif commun, et de notre incapacité à le traduire concrètement au premier rang. Peut-être que c’est un peu facile, le problème c’est qu’on peut faire cette analyse à chaque fois.
Ces différences, ces divergences font aussi notre richesse collective, et participer à une démarche qui aspire à être majoritaire n’implique pas de renoncer à l’expression de nos convictions. Unité ne veut pas dire uniformité. A cet égard vous le savez, nous voterons contre le TSCG.
Par ailleurs, même si les conditions et les cadres de la discussion interne en vue de la synthèse n’ont pas été optimum, nous jugeons que nous sommes respectés dans nos positions, tant sur le fond que sur les responsabilités. Il n’est pas honteux d’en parler, c’est aussi ça la politique.
Cette volonté de rassemblement tient bien sur également à notre volonté de poursuivre le travail collectif au sein du PS. Après des années de minorité assumée, nous avons choisis, depuis 2008, de participer à la direction du PS. Il nous semble que cela a connu une certaine réussite, pour nous tous, et pour les Français j’espère. Nous voulons continuer. On n’a pas si souvent l’occasion de participer à la réussite de la gauche au pouvoir. C’est dans cette démarche que nous nous inscrivons aujourd’hui. Une démarche d’ouverture et de travail collectif, une démarche d’exigence envers notre parti, mais surtout envers nous-même, une démarche de responsabilité au cœur de la dialectique imposée par le contexte actuel entre débat et rassemblement.
Intervention pour “Un Monde d’Avance” de Barbara ROMAGNAN,
députée du Doubs, lors CN du 12 septembre