Ce matin, la manifestation de protestation contre la réforme de retraites a rassemblé plus de 30 000 personnes à Lyon, qui ont battu le pavé sous une pluie battante qui n’aura pas suffi à entamer leur détermination à montrer leur refus de la réforme telle qu’elle est imposée par le gouvernement. Cette mobilisation est une grande réussite populaire. Le gouvernement doit maintenant revoir sa copie.
A l’heure où s’ouvre le débat parlementaire sur cette réforme, dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, nous pourrons nous appuyer sur ce formidable soutien des Français qui ont défilé dans la rue.
Les raisons de descendre dans la rue ce matin étaient nombreuses. Le plan gouvernemental va directement impacter le pouvoir d’achat des retraités, précariser leur situation et accélérer la baisse des pensions. Beaucoup de retraités qui ont cessé de travailler avant 60 ans vont se retrouver en situation de précarité aggravée en raison du recul de l’âge légal, dans un contexte où l’emploi des seniors est toujours aussi problématique. D’autre part, les inégalités femmes-hommes vont s’accroître. 30 % des femmes attendent 65 ans pour liquider leur retraite, faute d’avoir rassemblé les trimestres suffisants. Le recul de 65 à 67 ans pour partir en retraite sans décote va prioritairement toucher les femmes, étant donné leur carrière en dents de scie et le temps partiel subi. Par ailleurs, le refus du gouvernement de prendre en compte la pénibilité, qu’il confond avec la notion d’invalidité, traduit le mépris de ce dernier envers les salariés exerçant une activité professionnelle qualifiable de pénible. Ce que les syndicats et la gauche réclament, c’est que la pénibilité soit mesurée en fonction de son impact sur l’espérance de vie, et non pas considérée au cas par cas.
Plus généralement, c’est notre système de retraites par répartition qui est aujourd’hui en danger. Pourtant, il existe un autre moyen beaucoup plus crédible et efficace d’en assurer la pérennité, et qui rompe avec cette logique de précarisation des retraités, en défendant une vision plus progressiste et solidaire. Rappelons qu’en matière de financement, les socialistes proposent des prélèvements nouveaux sur les revenus du capital (stock options et bonus, notamment), ainsi qu’une augmentation extrêmement modérée des cotisations sociales et patronales de 0,1 point par an sur 10 ans, qui permettrait d’obtenir 10 milliards d’euros de recettes supplémentaires. Et enfin, pour abonder le fonds de réserve que le gouvernement ne cesse de dilapider, nous proposons une surtaxe sur les bénéfices des sociétés payées par les banques, à hauteur de 15 %, qui dégagerait 3 milliards d’euros supplémentaires et permettrait de préparer correctement l’avenir et de faire face à un éventuel choc démographique. A cela, nous rajoutons la nécessité d’une réforme juste qui maintienne l’âge de départ légal à 60 ans, la mise en œuvre d’un véritable plan d’emploi pour les jeunes et les seniors, pour faire en sorte qu’il y ait davantage de cotisants et par conséquent de recettes et de ressources pour la Sécurité Sociale, ainsi qu’une véritable revalorisation des petites retraites.
Nous ne sommes pas obligés d’accepter la fatalité d’une réforme à la fois injuste et inefficace. Il existe une autre manière de préserver la pérennité du système par répartition qui ne remette en cause ni le progrès, ni la solidarité.

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