Catégorie : Analyse
Le chômage a connu au mois d’août sa plus forte hausse depuis quinze ans, soit 41.300 chômeurs de plus. Ce sont les chômeurs de longue durée qui subissent la poussée la plus forte (+3,4 % pour ceux inscrits depuis plus d’un an et +3,8 % pour ceux inscrits depuis plus de deux ans), ainsi que les salariés de plus de 50 ans (+2,9 %).
Le gouvernement ne peut, comme il le fait, se dédouaner de sa responsabilité en imputant la hausse du chômage à la crise économique internationale, alors que ces chiffres datent du mois d’août, avant la propagation de la crise. Depuis le début de l’année 2008, la hausse du nombre de chômeurs atteint 20 000.
Les déclarations lénifiantesde M. Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’emploi, ne changent rien. En réalité c’est la politique de l’emploi du Gouvernement qui est en échec aujourd’hui avec :
– un service public de l’emploi avec de moins en moins de moyens humains et financiers (baisse de 5,3% du budget dans la loi de finance 2009) et une fusion ANPE-UNEDIC préparée et votée à la va-vite, sans concertation, ni réflexion.
– une détaxation des heures supplémentaires qui grève les comptes sociaux et n’incite pas à l’embauche.
– une baisse de 30% des contrats aidés.
– une consommation en berne à cause d’un pouvoir d’achat en baisse et donc des créations d’emploi insuffisantes qui ne compensent pas les destructions.
Le plan annoncé par Laurent Wauquiez lundi est d’une rare indigence pour les jeunes notamment : la mise à disposition d’un scooter ou d’une moto de manière à pouvoir se rendre mobiles pour des entretiens d’embauche à plus de 30km de chez eux ou l’accélération de la mise en place de 45 000 contrats d’autonomie dans le cadre du Plan Espoir Banlieues mais dans 35 département seulement (dont la Haute-Loire bien connue pour ses quartiers sensibles !).
La vérité c’est que les dispositifs comme l’offre raisonnable d’emploi, adoptée en juillet et qui va se traduire par une pression supplémentaire sur les demandeurs d’emplois, ou la libéralisation des règles de cumul emploi/retraite vont jouer contre l’emploi.
En matière d’emploi, le Gouvernement fait non seulement preuve d’imprévoyance mais surtout il agit à contretemps.
De 50 milliards d’euros en 2003, les dépenses fiscales représentent 73 milliards d’euros en 2008. Ces dépenses sont constituées principalement de crédits d’impôts liés aux investissements en Outre-mer qui représentent près de la moitié de ces réductions et crédits d’impôts.
Pour exemple : les 100 contribuables réduisant le plus leur impôt, le font en moyenne de 1 132 160 euros, pour une dépense fiscale totale de 113 millions d’euros ! Autant de manque à gagner pour la capacité à agir de l’Etat en particulier dans ses missions fondamentales de solidarité et de Services Publics.
Didier Migaud a fait 14 propositions permettant d’évaluer l’efficacité et l’utilité de telles dépenses mais aussi de clarifier les dispositifs pour lever le voile opaque des mécanismes de défiscalisation.
De son côté, le Président de la République pleure sur des caisses prétendument vides. Quand ce Gouvernement est capable de dépenser chaque année plus de 70 milliards d’euros pour réduire les impôts des plus riches, il ne peut pas affirmer en même temps que l’Education Nationale ou la sécurité sociale nous coûtent trop cher ! C’est bien la différence entre les paroles et les actes, entre le Président du pouvoir d’achat de la campagne électorale et le Président qui a remboursé 2398 contribuables, parmi les plus aisés, à hauteur de 50.000 euros en moyenne grâce au bouclier fiscal.
Les marges de manœuvre existent donc bien et c’est aux responsables politiques de faire des choix. En tant que responsable socialiste, je récuse les injustices flagrantes que représentent les mesures fiscales du Gouvernement Fillon et appelle donc à l’annulation du paquet fiscal de 15 milliards d’euros voté cet été pour utiliser cet argent afin d’augmenter le pouvoir d’achat de ceux qui en ont besoin.