Sud-ouest lyonnais : comment la gauche s’est tiré une balle dans le pied

11 e circonscription. Victime d’accords nationaux absurdes et de divisions, la gauche locale va, pour la troisième fois en vingt ans, faire barrage au FN et voter pour un candidat de droite.

La première fois, c’était en 1993. Un duel opposant le RPR Jean-Claude Bahu à un candidat Front national avait contraint la gauche à faire bloc contre le candidat frontiste. Bahu avait été élu.

Bis repetita à la présidentielle de 2002. Il fallait voter Chirac contre Le Pen. Dimanche prochain, encore, les électeurs de la 11 e circonscription vont devoir se résoudre à opérer un choix qui exclut la gauche du débat.

Hier, unanimement, les candidats de la gauche ont appelé à faire barrage à la candidate FN, Agnès Henry (18,84 %), et donc, à voter pour le candidat UMP, Georges Fenech (29,28 %). Tous. Du Front de gauche René Balme, à Martial Passi en passant par la candidate investie par le PS France Gamerre et le dissident socialiste Guy Palluy.

« La 11 e circonscription était gagnable, indiquait hier Gérard Collomb, président du Grand Lyon, c’est un gâchis. Si on avait mis Martial Passy comme titulaire et Guy Palluy comme suppléant, on aurait gagné. Evidemment, vu de Paris, ce n’était pas aussi visible. On a préféré une adjointe au maire de Marseille [en réalité Mme Gamerre n’est plus adjointe depuis 2008, mais reste élue à Marseille Ndlr] ». Et pour Gérard Collomb également, le vote Fenech s’impose.

A la source de cette nouvelle déconvenue un accord tombé du ciel. Un accord qui lie le PS avec le Parti radical de gauche lui-même lié par un accord avec Génération écologie. Et au final, une candidate débarquée de Marseille jetée en pâture aux militants socialistes qui ne savaient plus où donner du bulletin de vote.

« Le regret, c’est un accord PS qui n’était pas de faire gagner la gauche mais de trouver un point de chute à Thierry Braillard avec l’arrivée en route d’une candidate que personne ne connaissait », insiste le candidat dissident, exclu du PS, Guy Palluy (12,09 %). Pour la candidate investie, France Gamerre (17,96 %) : « La défaite incombe principalement au dissident Guy Palluy qui a tout fait pour brouiller les pistes et apparaître comme le candidat du PS. De fait, il installe durablement la droite et l’extrême- droite dans cette circonscription ». La réconciliation ne semble pas imminente.

Martial Passi, le maire de Givors, dénonce le « formidable gâchis » tandis que René Balme (8,25 %), évoque « la responsabilité politique historique du Parti socialiste qui a préféré sacrifier la circonscription à la droite et à l’extrême-droite plutôt que de conclure un accord national avec le Front de gauche (…). Le PS devra assumer cette erreur politique majeure ».

Alors même qu’en cinq ans, le candidat UMP a perdu près de 20 points et que la gauche, globalement, progresse, c’est bien l’UMP Georges Fenech qui est en piste pour récupérer son siège. Offert sur un plateau.